Ami, remplis mon verre.
C’est le matin, le
lever d’une journée qui ne commencera jamais. Je bois de l’alcool dans un verre
sale, termine celui d’hier, l’emplis pour commencer celui d’aujourd’hui. Je ne
divague pas, je m’abrutis. Je m’abrutis au lever d’une sale journée. Une
journée ne se lève pas, n’est-ce pas ? Une journée, au mieux, s’écoule. Dans un
verre. Et dans ce verre ma journée est bientôt terminée. Déjà. Et toutes les
journées d’un coup se lèvent et trinquent à ma santé, et toutes les journées
d’un coup sont passées. Il ne reste rien du futur, la tête se cogne contre le
mur. Petit déjeuner au vin blanc versé un peu à côté, le psychiatre lassé de
mes palinodies âcres, peut-être les cachets à avaler, et voilà la nuit est
commencée. La gangrène puis l’oubli. À boire, s’il vous plaît, pour m’écrouler.