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Au temps pour moi.
14 décembre 2006

Ce que j'ai perdu entre deux quais.

Évitant rails et câbles, un malheureux traversait la voie de quai à quai. Nous tous, usagers, avions peur de le voir électrocuté, peut-être d’être retardés. Arrivé au quai opposé, il cria à l’autre côté qui faisait comme si toute cela n’existait pas, il criait Tu ne le ferais pas toi ! tu as peur de la mort ! Puis il revint sur mon quai, de la même manière, et encore une fois cela n’existait pas. Alors nous n’avons pas bougé, alors il a recommencé, peut-être pour prouver qu’il existait. Peut-être. Pourtant pour chacun de nous il existait, je le jurerais : il n’existait que lui, mais nous n’avons pas bougé, mais nous ne lui avons pas parlé. Toi ! tu n’aurais pas risqué ! Surtout ne pas le regarder, ne pas être troublé. Non, nous n’aurions pas risqué, nous n’avions rien à gagner – mais nous avons perdu, je crois, un peu d’humanité. Non : nous ne l’avions jamais eue. Et cet homme nous l’a révélé. Nous n’avons pas compris, quand il retraversait, qu’il nous offrait une seconde chance

Nous n’avons pas compris, quand il retraversait, qu’il nous accordait une seconde chance. Ou alors nous avons compris mais, qu’importe, nous avons gardé le silence que seul lui brisait. Pendant que, toujours seul, il discutait, le métro arrivait et je sais que nous avons tous eu cette pensée, que nous étions effrayés qu’il puisse sauter, nous étions effrayés, oui mais pas assez. Je continuais ma marche d’attente sur mon quai, j’étais différent des usagers, j’avais le regard plus fixe, la mâchoire mieux serrée : je voulais montrer que j’étais le plus troublé. Mais, en réalité, j’étais le moins humain car hier, jour de mon anniversaire, je crois que j’aurais voulu le voir sauter et être complètement changé.

J’écris tout cela très vite et sans me corriger car si je devais choisir les mots, si je devais les travailler, je serais forcé de m’interroger, de sonder ce que j’ai d’humanité. Et de songer à ce que j’ai perdu entre deux quais. C'est ma lâcheté recommencée que d'écrire sans me retourner.

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Commentaires
K
C'est doublement gentil alors, je prends tout – même le rab.
E
C'est un baume aux plantes contre les ecchymoses! J'en suis une grande utilisatrice, car je passe mon temps à m'éclater contre les angles des tables ou à trébucher dans la rue!
K
Le bisou, je prends ; mais qu'est-ce donc que l'arnica ?
E
Bisou à l'arnica...
K
Emperlée : ok, je joins la pièce au dossier. Je chercherai les autres pièces ce week-end. Si j'en ai suffisamment je débuterai la révision de mon procès (duquel je suis à la fois juge, partie, témoin et procureur).<br /> Merci beaucoup pour ses gentillesses qui font du bien à mon ego certes gros mais plein de bleus.
Au temps pour moi.
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Au temps pour moi.
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