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Au temps pour moi.
19 décembre 2006

Petit frère, pardon.

Pour la première fois, mon frère m’a parlé de ceci, que j’avais écrit il y a deux ans. Ça m’a bouleversé. Je lui ai demandé pardon mais je n’ai pas su lui dire combien j’avais pleuré, combien de nuits, de ce que je n’avais pas fait pour lui. Ce texte n’est pas bien écrit, comme trop souvent maintenant, mais il m’est important. Contrairement à ce que je croyais, pour lui j'ai été un des rares présents. Tout de même, je ne l'ai pas été assez. Il faudrait que je parle de lui plus souvent, car il est digne d'être aimé. Pourtant si peu l'aiment.

 

À l’église, j’étais derrière mon grand-père. Parfois ses épaules subitement se voûtaient, son dos s’affaissait, grand’père sanglotait. Puis mon vieil Auvergnat se redressait, fermait les yeux pour arrêter les larmes. J'ai posé la main sur son épaule, ça l'a bouleversé : j'ai bien senti qu'il fallait ne pas recommencer.

Ma cousine et moi nous sommes levés entre deux chants pour aller donner lecture de textes religieux. On avait les mains qui tremblaient et, sur le dernier verset, ma voix a trébuché. J’ai mis du temps à me relever.

Chacun comme devant la mort a attendu son tour pour saluer la partante. Quelque chose en moi cédait dès qu’on déposait sur le cercueil une manière de baiser. Comme les proches étaient nombreux, je suis sorti effondré.

Dehors je tournais le dos à l’assemblée. Quelqu’un m’a pris dans ses bras, je m’y suis agrippé et j’ai pleuré. Mon frère, que personne n’aime, que ma mère et moi, mon petit frère n’avait personne pour recueillir ses larmes. Alors elles sont tombées à terre, inaperçues ou ignorées. Il n’avait pas de mouchoir et son nez coulait.

J’ai tant déversé qu’à la fin je souriais, pris d’une étrange tranquillité, sorte de gaieté. Dans le cimetière où le temps était si gentil, toute la famille souriait. Sur le parterre de verdure en face de sa tombe s’étalaient en pétales des bouquets de jolis pleurs à peine éclos, colorés.

Au revoir, Mamie.

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Commentaires
J
Emue aussi, comme toujours quand je viens ici. Ce n'est pas la première fois que tu parles de ce petit frère comme de celui qui n'est pas aimé, et à chaque fois je me suis demandée pourquoi sans oser le demander. En tout cas, même si je ne fais pas partie de votre famille, même si je ne vous connais ni l'un ni l'autre, j'ose penser que tu as été pardonné parce que ton affection pour lui se lit clairement dans tes mots. Et puis, même s'il n'y avait personne pour essuyer ses larmes, tu as tout de même vu son chagrin et c'est déjà immense, dans une occasion pareille, de ne pas prendre en compte que sa propre douleur et de compatir à celle de l'autre. Je suppose que tu n'es pas responsable d'avoir été celui qui était aimé. Tout l'amour que tu lui portes compense peut-être le manque d'amour reçu par le reste de sa famille... Et même si ce n'est pas le cas, tu fais du mieux que tu peux et c'est l'essentiel. J'espère que ce commentaire n'est pas trop indiscret, que je ne m'immisce pas trop dans quelque chose qui ne me regarde pas... Sinon excuse-moi. En te lisant, je n'ai pu m'en empêcher tant ton émotion s'est répercutée en moi, et j'ai eu le sentiment que ta culpabilité n'était pas justifiée (dans le sens où c'est à ceux qui ne l'ont pas aimé de la ressentir, il me semble que tu n'as pas à te rendre responsable à leur place).
K
Ça, de toutes façons, ça fait partie des mystères familiaux... La seule chose que je puisse dire avec certitude, c'est que ça n'est pour aucune raison objective.<br /> <br /> Merci pour le compliment. si j'écris un peu, c'est justement pour que les émotions résonnent en ceux qui me lisent. Si je réussis un peu ça parfois...
L
Je suis tentée de demander pourquoi il n'est pas aimé. Mais ça ne se fait pas.<br /> <br /> J'aime vraiment beaucoup ta façon d'écrire, pleine d'émotions qui résonnent en nous.
Au temps pour moi.
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