Photos ratées.

Comme je n’écris plus, je souhaite prendre. Je vais dehors, avec mon appareil que jamais je ne sors : je crains les représailles. Je crois regarder le monde autour mais c’est le contraire : méfiant, le monde m’observe. Les gens n’ont pas l’habitude d’intéresser, surtout ceux que je vois, les pauvres, les malheureux, surtout ce vieux, celui-là qui triait des déchets. À deux pas de chez moi, car je n’ai pas osé aller plus loin. Encore une fois j’ai peur de montrer que je t’aime, qui que tu sois. Alors je ne prends des photographies que de moi, que je n’aime pas, que je trouve moins ratées qu’une fois que je m’y suis effacé, ou rogné.

Comments

[katar]

Lliane : Je ne sais pas, je faisais déjà attention avant. Peut-être qu'en plus maintenant je me demande si ce que je vois, tel que je le traiterais, aurait un intérêt. Je ne sais pas trop. Quoi qu'il en soit, j'ai maintenant une émotion parasite : la gêne. Du coup, je ne parviens pas à photographier les gens. Pour tout dire : j'ai peur.
Bon, et les quelques photos que j'ai prises sont mauvaises.

D'ailleurs : Espérons que ça ressemble à quelque chose...

[D'ailleurs]

A force de coller des petis bouts ça fera un tout.

[Lliane]

Je disais que les photos sont des moments fixés pour l’éternité.
Mais en fait, tes textes me donnent un peu la même impression. Ils sont comme une photo composée de mot, plutôt que d’ombre et de lumière.
Lire un de tes textes, c’est comme regarder une photo, une image qui s’imprime dans notre esprit.

Ce qui me fait penser que tu prendrais certainement de bonnes photos « pleines de sens ».

[Lliane]

« J'aimerais bien qu'il se passe quelque chose entre le monde et moi, au niveau de l'appareil. »
Je crois que l’appareil change la façon de voir le monde. Quand on a un appareil dans les mains, on regarde ce qui nous entoure avec plus d’attention, on en voit plus la beauté et les détails. Et paradoxalement, le fait de regarder à travers un objectif, diminue souvent l’intensité et l’émotion d’une scène, comme un détachement.
Parfois, ça change notre regard à vie.
On ne voit plus la « beauté » de la même façon.

Une photo, c’est un moment fixé pour l’éternité.
Je ne crois pas qu’il y ait de photo vraiment insignifiante... pour ma part. C’est un regard... La photo révèle en partie la personnalité du photographe.
D’ailleurs on peut souvent reconnaître le style d’un regard ou on voit l’évolution du regard d’un photographe... je trouve ça fascinant.

Pour le concours de photos insignifiantes... je crois que je suis déjà bien placée ! ;-)

Mais si je comprends bien, tu veux te servir d’un cliché comme départ d’une émotion à écrire ?
Je crois qu’il y a toujours une émotion quand on prend une photo, même « insignifiante ». J’avoue que je serais curieuse de lire ça...

Et puis si tu peux te faire plaisir en faisant des photos, c’est déjà énorme.

[katar]

Déclik : au contraire, c'est en fait très simple. Il suffit d'appuyer sur le bouton. Mais mon index a une telle résistance !
Junko : oui, c'est mon regard. Il a un petit air de chien battu, mais bon. En revanche, je ne crois pas avoir l'œil. Ça doit se travailler, bien sûr... Mais je doute pouvoir faire quoi que ce soit, sinon me faire plaisir. Peut-être. Si tu veux, on fera un concours de photos insignifiantes.
Angie : Oh mais je n'ai nullement voulu copier. Je disais simplement que je n'avais pas voulu faire semblant en écrivant. J'aimerais bien qu'il se passe quelque chose entre le monde et moi, au niveau de l'appareil. Et, quelle que soit la qualité de la photo, avoir ressenti quelque chose que je saurais partager (en mots).