Je n'offre jamais de fleurs.
Je n’aime pas les regarder
ces morts serrés – les bouquets – ni les renifler, ces morts odorants qu’on
offre en souriant. En disant ceci : C’est
pour toi, maman ou Bonjour, chérie.
Fleurs à peine meilleures que les artificielles des cimetières – à tout
prendre, je préfère les fleurs de pierre –, équivalent floral des poupées
gonflables, sur lesquelles il faut pleurer tous les trois mois pour qu’elles ne
noircissent pas – quand le ciel ne s’en occupe pas. Mais il s’en occupe
toujours, elles ne vont pas pourrir : on peut ne pas venir.
Je n’offre jamais de fleurs, que le vendeur entoure d’un suaire provisoire, plastique encore, comme pour un défenestré, un accidenté, un macchabée suspect. Non, moi je t’amènerai dans un champ, dans un bois, je dirai Si tu regardes, c’est à toi et ça ne meurt pas, viens, viens chérie, on va s’accidenter dans les bois, dans les blés, je suis le suspect, c’est ton tour de m’inspecter.