Belle de nuit.
Elle est là, l’angoisse
endormie, vautrée dans le canapé, un cheveu sur l’oreiller, particules écrasées
sur le clavier, sur mon bureau en gouttes de café tremblé, enfermée dans sa
boîte mais pas assez : des plis cachetés que je n’ouvre jamais, chaque
objet me parle de sa sociale utilité, de ses obligations associées, tous
ensemble me chantent leur litanie, fais ça, courage, fais çi, je les entends se moquer, critiquer, m’accuser
: Tu rates ta vie.
Je me réveille et viens là
où l’angoisse me suit – j’écris, j’accuse : Tu rates ma vie. Lisant par-dessus mon épaule, elle susurre C’est mauvais puis part m’attendre au
lit. Elle veillera sur mon sommeil, s’occupera de mon réveil. Une nuit je
partirai, elle trouvera mon cheveu sur l’oreiller ; pour l’heure, je
retourne me coucher – mauvais.